samedi 20 septembre 2014

Cours Moyen - Dictée N°45 : L'anneau qui rend invisible (8ème partie)









L'anneau qui rend invisible





Callimaque tint parole au roi : toujours placé en tierce personne entre lui et chacun de ses confidents, il voyait sans être vu, il entendait sans être entendu, et il ne se privait ni de réflexions ni de commentaires. A la fin, son franc langage, et même ses railleries malignes, l'emportèrent, dans l'esprit du roi, sur les flatteries auxquelles il avait jusque-là prêté l'oreille. Sa Majesté y gagna l'estime publique : aussi, quand, après une longue suite de prospérités, elle alla rejoindre ses pères on la regretta sincèrement, et ce fut l'amour de son peuple qui fit graver sur sa tombe cette inscription en langue grecque : 

"Nulle paupière, ô roi, n'est restée sèche, le jour de tes funérailles, et le souvenir de ta perte est pour nous comme une fraîche blessure, que rien ne saura fermer. Mais puisque tout est caduc ici-bas, du moins, de ce séjour des blanches nuées, où s'est envolée ton âme, daigne garder la mémoire de ceux qui ne t'oublient point ; et puisse, pour notre bonheur, l'âme du gentil souverain que ton amour nous a laissé, mériter d'être appelée une âme jumelle de la tienne !"

Le fils du roi avait douze ans. On ne sait si le voeu qu'exprimait l'épitaphe fut exaucé : les enfants ne valent pas toujours les pères. Quant à Callimaque, il conserva bien longtemps encore sa bague favorite ; mais, à sa mort, hélàs ! elle ne se retrouva point.