Tempête
On se boucle partout. On double les amarres. On saisit tout ce qui peut rouler car on sait que la danse va commencer. La mer vient du nord-ouest. Les lames sont fortes. Elles se forment d’heure en heure. Elles ont chaque minute plus de puissance. Elles atteignent par le travers arrière le navire qui les fuit de toute la vitesse de ses deux hélices. Mais les lames sont plus rapides. Elles sont innombrables. Elles se rient de sa maladresse, s’amusent à le prendre en défaut, creusent un gouffre à l’avant et, tandis qu’il y plonge le nez, lui envoient une tape....
Les premiers coups de roulis violents ont causé quelques dégâts. Les marmites et les casseroles sont tombées en avalanche dans la cuisine. Aux offices, des assiettes et des verres se sont brisés. Les couchettes ont vomi leurs tiroirs.
Edouard Peisson (Le courrier de la mer)
