Le camelot
Monté sur un banc, il vendait des crayons, mais il tirait de cet article banal et aride de telles inventions que la foule se pressait autour de lui. Armé d’une lame de faux, une pauvre lame usée, ébréchée, il taillait ses crayons à grands coups pour montrer la solidité de la mine. Puis, par moments, il se baissait, en prenait dans l’énorme tas, devant lui sur une couverture, une poignée qu’il jetait à la volée : «Je ne les vends pas, moi, je ne les offre même pas, je les donne à tous ceux qui veulent les prendre. Vingt sous la poignée, sans compter, et j’ai des grandes mains, des mains d’Auvergnat».
Jean Pallu (Port d’escale)