Les semailles en Beauce
Jean, ce matin-là, un semoir de toile bleue noué sur le ventre, en tenait la poche ouverte de la main gauche, et, de la droite, tous les trois pas, il y prenait une poignée de blé que d’un geste, à la volée, il jetait. Seul, en avant, il marchait, l’air grandi ; et, derrière, pour enfouir le grain, une herse roulait lentement, attelée de deux chevaux, qu’un charretier poussait à longs coups de fouet réguliers.
Arrivé au bord du champ, il leva les yeux, regarda sans voir, en soufflant une minute. Et toujours du même pas, avec le même geste, il allait, il revenait, enveloppé dans la poussière vivante du grain ; pendant que, derrière, la herse, sous les claquements du fouet, enterrait les germes, du même train doux et comme réfléchi.
E. Zola (La Terre)