La nouvelle servante
Jusqu’à présent, elle n’avait vécu que dans de grosses fermes où le travail était pénible, mais simple et joyeux. On la commandait et elle allait, sans autre souci que de mener rondement sa besogne. On lui disait : «Lave !». Elle lavait douze heures d’affilée, mangeait sa soupe et se couchait. Au temps d’été, on lui disait : «Moissonne». Elle prenait la faucille et suivait les hommes. Mais on ne lui avait jamais dit : «Achète et vends, pèse le beurre, donne le fil au tisserand.» Jamais surtout on ne lui avait dit : «Lève ce petit et nettoie-le ; s’il pleure, tâche de le consoler ; apaise, corrige, câline.» Elle n’avait jamais rien dirigé et quand on lui parlait des enfants, elle répondait : «je ne les aime pas autour de mon cotillon ; ils m’empêchent de travailler.»
E. Pérochon (Nène)