Le chant des oiseaux
La nature a ses temps de solennité pour lesquels elle convoque des musiciens des différentes régions du globe. On voit alors accourir de savants artistes avec des sonates merveilleuses, de vagabonds troubadours qui ne savent que des ballades à refrain, des pèlerins qui répètent mille fois les couplets de leurs longs cantiques. Le loriot, perché sur la plus haute branche d'un ormeau, siffle et défie notre merle ; l'hirondelle gazouille sous un toit hospitalier ; le ramier, caché dans le feuillage d'un chêne, prolonge ses roucoulements semblables aux sons onduleux d'un cor dans les bois. Enfin, le rouge-gorge répète sa petite chanson sur la porte de la grange où il a placé son gros nid de mousse ; mais le rossignol dédaigne de perdre sa voix au milieu de cette symphonie : il attend l'heure du recueillement et du repos, et se charge de cette partie de la fête qui doit se célébrer dans les ombres.
Chateaubriand