Débuts de vendanges
Hier, on cueillait à l'arbre une dernière pêche,
Et ce matin voici, dans l'aube épaisse et fraîche,
L'automne qui blanchit, sur les coteaux voisins.
Un fin givre a ridé la pourpre des raisins.
Là-bas, voyez-vous poindre, au bout de la montée,
Les ceps aux feuilles d'or, dans la brume argentée ?
L'horizon s'éclaircit en de vagues rougeurs,
Et le soleil levant conduit les vendangeurs.
Avec des cris joyeux, ils entrent dans la vigne ;
Chacun dans le sillon que le maître désigne,
Serpe en main, sous l'arbuste, a posé son panier.
Honte à qui reste en route et finit le dernier !
Les rires, les clameurs stimulent sa paresse.
V. de Laprade