Vous trouverez dans ce blog des dictées d'autrefois. Toutes ces dictées sont issues d'ouvrages scolaires anciens. Bonne visite.
vendredi 23 avril 2021
Un jour, un jour (Poème : Louis Aragon - musique : Jean Ferrat)
source karaoké : https://youtu.be/-paCoE7Jfu0 Un Jour Un Jour Tout ce que l’homme fut de grand et de sublime Sa protestation ses chants et ses héros Au-dessus de ce corps et contre ses bourreaux Une Grenade aujourd’hui surgit devant le crime Et cette bouche absente et Lorca qui s’est tu Emplissant tout à coup l’univers de silence Contre les violents tourne la violence Dieu le fracas que fait un poète qu’on tue Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange Un jour de palme, un jour de feuillages au front Un jour d’épaule nue où les gens’aimeront Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche Ah je désespérais de mes frères sauvages Je voyais, je voyais l’avenir à genoux La Bête triomphante et la pierre sur nous Et le feu des soldats porte sur nos rivages Quoi toujours ce serait par atroce marché Un partage incessant que se font de la terre Entre eux ces assassins que craignent les panthères Et ne tremblez pas un poignard quand leur main l’a touché Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange Quoi toujours ce serait la guerre, la querelle Des manières de rois et des fronts prosternés Et l’enfant de la femme inutilement né Les blés déchiquetés toujours des sauterelles Quoi les bagnes toujours et la chaise sous la roue Le massacre toujours justifié d’idoles Aux cadavres jetés ce manteau de paroles Le bâillon pour la bouche et pour la main le clou Un jour pourtant, un jour viendra couleur d’orange Un jour de palme, un jour de feuillages au front Un jour d’épaule nue où les gens’aimeront Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche
dimanche 18 avril 2021
Cours Moyen/ - Dictée N° 101 - La vie de la forêt (Alphonse Daudet)
La vie de la forêt
Il était si content, le petit Jack, si fier d'accompagner le garde à travers bois... avec lui il voyait une forêt particulière, bien vivante et peuplée, que les profanes ne connaissent pas. Au lieu de ces effarements dans les feuilles, de ces bruits sournois dans les herbes, que le moindre pas effarouche, il avait le spectacle tranquille des bêtes allant librement à leurs affaires, à leurs plaisirs. C'était une poule faisane, escortée de ses poussins, piquant au pied des arbres ; ou des chevreuils broutant les pousses, traversant les allées, l'oeil étonné, les pattes tendues, plus amusés que craintifs. Puis les lièvres à la lisière, partant dans les terres labourées, les lapins, les perdrix.
Alphonse Daudet
jeudi 15 avril 2021
Cours moyen/6ème - Dictée N° 06 - Les étoiles (Guillemin)
Les étoiles
Est-il au monde un spectacle à la fois aussi touchant et aussi grandiose que celui du ciel observé par une belle nuit ?
Si l'on a soin de choisir pour observatoire une station bien à découvert, comme l'est une plaine unie, le sommet d'une colline ou encore l'horizon de la mer ; si la lumière de la lune n'éteint pas la lumière des étoiles, et si l'atmosphère un peu humide possède toute sa transparence et sa pureté, on voit des milliers de points lumineux étinceler de toutes parts, accomplissant lentement et avec ensemble leur marche silencieuse. Le contraste de l'obscurité qui règne alors à la surface de la terre avec cette voûte resplendissante donne une profondeur indéfinie à l'océan céleste qui surplombe nos têtes.
Cet autre océan, sans fin ni fond cet abîme d'éther au sein duquel nous voguons sur notre terre, navire insubmersible et où nous voyons semés avec profusion étoiles, soleils, planètes, comètes vagabondes, est bien une mer comme la mer liquide dont les flots baignent les côtes de nos continents et de nos îles ; mais c'est une mer sans rivages. Le fluide subtil qui la remplit est, comme l'eau de l'océan dans un mouvement perpétuel, dans une agitation sans fin ; des ondes le sillonnent dans tous les sens, et, avec une rapidité inouïe, s'y propagent sans se confondre, portant avec elles la lumière, la chaleur, les conditions essentielles du mouvement et de la vie.
C'est grâce à ces ondulations, invisibles elles-mêmes, que nous pouvons percevoir tout ce qui existe. Se répercutant avec une délicatesse infinie, une fidélité merveilleuse sur le fond de notre rétine, elles y tracent le tableau de l'univers, et, au lieu de la profonde obscurité du vide, au sein de l'espace sans bornes nous découvrent cette multitude de foyers lumineux que l'astronomie nous apprend être autant de soleils semblables au nôtre.
Guillemin