Jour de marché à Cadix (Espagne)(Carlo Bossoli) |
Cadix
Cadix est la fille bien-aimée du soleil ; son oeil de flamme la couvre de tous ses rayons les plus ardents de sorte que, de quelque côté qu'on arrive, la ville semble nager dans la lumière. Plusieurs teintes cependant saisissent la vue : le bleu du ciel, le blanc des maisons et le vert des jalousies. Mais quelles belles couleurs ! De temps en temps, à travers les grilles d'un balcon, sortent les branches d'une plante dont chaque fleur rayonne sur la muraille comme une étoile de pourpre. Nulle part, en Espagne, je n'ai vu les maisons si élevées ; c'est que Cadix ne peut s'étendre ni à droite ni à gauche, et que cette ville se trouve forcée de demander à la hauteur ce que son étroit ilot lui refuse en largeur ; aussi chaque maison se hausse-t-elle sur la pointe du pied, l'une pour regarder le port, l'autre la mer, celle-ci Séville, celle-là Tanger. Aucun monument, aucun palais, aucun musée ne mérite d'être visité à Cadix ; une cathédrale d'assez mauvais goût, voilà tout. Mais on vient chercher autre chose à Cadix : on y vient chercher ce ciel bleu, cette mer bleue, et ce souffle de vie qui court dans l'air.
Alexandre Dumas