Un coeur généreux
Un jour, en arrivant auprès d'une chaumière, je vis un petit paysan qui battait un autre enfant beaucoup plus grand et plus âgé que lui ; l'aîné se contentait d'éviter les coups et n'en portait aucun. Je m'approche de ce dernier :
"Est-ce votre frère, lui dis-je, qui vous bat de la sorte ?
- Non, madame, répondit le paysan, c'est un de mes voisins.
- Il est donc bien méchant ? repris-je ; et pourquoi, lorsqu'il vous bat ainsi, ne le lui rendez-vous pas ?
- Mais, madame, repartit le paysan, je ne peux pas, je suis le plus fort."
A ces mots, je me dis tout bas : "Voilà un généreux petit enfant".
Mme de Genlis