De toutes les forêts de la France, pas une ne peut être comparée pour le pittoresque à celle de Fontainebleau. Qui n'a pas vu ses chênes gigantesques, ses hêtres s'élevant droits et superbes, ses bouleaux et ses trembles, ne peut se faire une idée de la majesté que le temps a imprimée au règne végétal ; je ne me le serais jamais imaginé moi-même. Les arbres que vous avez vus croître dans les bois avoisinant Paris, quelque beaux qu'ils soient, n'en donnent qu'une faible idée, et quand on n'admirerait pas ces rois de la végétation, on devrait encore visiter Fontainebleau, ne fût-ce que pour ses rochers jetés çà et là, menaçants, noirâtres, aux angles aigus, aux crêtes moussues ; ils sont tous en grès primitifs que n'ont jamais altérés les eaux du déluge ; quelques fossiles qu'on y a remarqués s'y sont introduits par les pores de la pierre ; quelques-uns nous ont offert des cristallisations qui nous ont paru fort belles, tout habituées que nous sommes, ma soeur et moi à admirer les beautés naturelles. Ces rochers sont, les uns sur des monticules élevés, les autres sur une surface plane, recouverte d'une terre sablonneuse et calcaire, ou d'un terreau très-propre à la croissance des arbres qui donnent ces essences résineuses, que la pharmacie et la chimie ont toujours recherchées.
Outre les belles futaies, les massifs, les broussailles, les quartz et les calcaires que vous m'avez entendue vanter, nous parlerons de mille autres choses, quels que soient votre indifférence et même votre éloignement pour des objets qui ne se sont jamais offerts à vous qu'en peinture, et que vous vous êtes plu à négliger afin que l'envie ne vous prît pas de voir des sites qui vous sont interdits, au moins pour quelque temps.
Source : gallica - BNF
"Dictées du premier examen de l'hôtel-de-ville"