mercredi 15 mars 2017

Cours Moyen - Dictée N°75 - Au temps des diligences (A. Lavergne)







Au temps des diligences



Au tournant de la route, une diligence peinte de jaune, rechampie de rouge criard, le tout atténué par le gris sale de la boue ou le gris blanc de la poussière, apparaissait tout à coup dans le poudroiement du soleil ; puis une autre,  une autre encore, jusqu'à six parfois, à peu d'intervalle. Traînées par des chevaux éreintés et si maigres que, pareilles aux cercles d'un tonneau, leurs côtes transparaissaient, elles roulaient lourdement, soulevant des tourbillons de poussière, dans un bruit saccadé de ferrailles et de bois creux, avec les allures dégingandées de canards apeurés. Le village qui somnolait entre ses montagnes semblait se réveiller à tout ce tintamarre que répercutaient les échos. En un clin d'oeil, la rue déserte s'animait.


A. Lavergne













dimanche 12 mars 2017

Cours Moyen - Dictée N°74 - Auprès du berceau (G. Flaubert)


Jean Carolus - Hush


Auprès de berceau


La veilleuse de porcelaine arrondissait au plafond une clarté tremblante, et les rideaux du petit berceau faisaient comme une hutte blanche. Charles regardait son enfant. Elle allait grandir  maintenant ; chaque saison, vite, amènerait un progrès. Il la voyait déjà revenant de l'école à la tombée du jour, toute rieuse, avec sa brassière tachée d'encre, et portant au bras son panier.

Ah ! qu'elle serait  jolie, plus tard à quinze ans, quand, ressemblant à sa mère, elle porterait comme elle, dans l'été, de grands chapeaux de paille. On les prendrait de loin pour les deux soeurs. Il se la figurait travaillant le soir auprès d'eux, sous la lumière de la lampe. Elle s'occuperait du ménage ; elle emplirait toute la maison de sa gentillesse et de sa gaieté.


d'après Flaubert

(Mme Bovary)

vendredi 10 mars 2017

6 - L'Alouette






L'alouette


L'alouette est le musicien des champs ; son joli ramage est l'hymne d'allégresse par lequel elle devance le printemps et accompagne le premier sourire de l'aurore. Ses accents sont les premiers qui frappent l'oreille du cultivateur vigilant. Son chant matinal était, chez les Grecs, le signal auquel le moissonneur devait commencer son travail, et il le suspendait au milieu du jour, à l'heure où elle cesse de se faire entendre. Elle se tait, en effet, pour un instant ; mais dès que le soleil s'abaisse à l'horizon, elle remplit de nouveau les airs de ses modulations variées et sonores. Elle se tait encore lorsque le ciel est couvert et le temps pluvieux ; du reste, elle chante pendant toute la belle saison. On la voit s'élevant, une courbe en forme de vis ; elle monte, elle monte toujours chantant et forçant sa voix à mesure qu'elle s'éloigne de terre, de sorte qu'on l'entend aisément, lors même qu'on l'a presque perdue de vue. Elle se soutient longtemps en l'air, elle descend lentement jusqu'à dix ou douze pieds au-dessus du sol, puis elle s'y précipite comme un trait ; sa voix s'affaiblit à mesure qu'elle en approche, et elle est muette aussitôt qu'elle s'y pose.